
Broder avec des cheveux : une tradition victorienne que vous ne connaissiez peut-être pas
"Le saviez-vous ? Au Japon, la broderie était jadis si précieuse que des kimonos richement brodés se transmettaient comme de véritables bijoux de famille." – Anonyme
Broder avec des cheveux : une tradition victorienne que vous ne connaissiez peut-être pas
Quand on pense à la broderie, on imagine souvent des fils colorés, des tissus délicats, et peut-être un joli sampler transmis de génération en génération. Mais à l’époque victorienne, la broderie utilisait parfois un matériau très inattendu : des cheveux humains.
Oui, vous avez bien lu. Les cheveux étaient soigneusement tissés, tressés ou même brodés dans des motifs pour créer des souvenirs, des objets commémoratifs et de véritables œuvres d’art sentimentales.
Pourquoi utiliser des cheveux ?
Pour les Victoriens, les cheveux n’étaient pas seulement un trait physique, ils représentaient la mémoire, l’amour et le lien avec ceux qu’on aimait. Contrairement aux fleurs qui fanent ou à l’encre qui s’efface, les cheveux sont durables et pérennes. Une mèche pouvait servir de rappel tangible et permanent d’une personne chère, qu’elle soit éloignée, un(e) amoureux(se), ou un être cher décédé.
Broder avec des cheveux permettait littéralement de garder ses proches près de soi. Pour les personnes en deuil, c’était un réconfort : un objet tangible à tenir, exposer ou porter sur soi. Pour les amoureux et les familles, c’était un témoignage d’affection, un petit morceau de quelqu’un qu’on gardait toujours avec soi.
Que fabriquaient-ils avec des cheveux ?
La broderie avec des cheveux pouvait prendre de nombreuses formes, notamment :
Bijoux : des broches, des médaillons et des bagues intégraient souvent des cheveux tissés en motifs délicats. Certains étaient purement décoratifs ; d’autres contenaient les cheveux d’un proche décédé, servant de bijoux de deuil.
Tableaux encadrés : les cheveux étaient brodés ou disposés en motifs floraux élaborés, paysages ou même portraits, puis encadrés et exposés dans la maison.
Couronnes funéraires : certaines familles créaient de grandes couronnes complexes entièrement composées de cheveux pour honorer et se souvenir de leurs proches.
Samplers et souvenirs : à l’instar des samplers traditionnels en fil, les cheveux pouvaient former des lettres, des initiales ou de petits motifs sur du tissu.
Ces créations témoignaient d’une habileté et d’une patience incroyables, nécessitant un geste précis et minutieux.

Un côté macabre… ou une beauté sentimentale ?
Pour nos yeux modernes, la broderie avec des cheveux peut sembler un peu inquiétante, voire morbide. Mais pour les Victoriens, c’était profondément sentimental. Le deuil et le souvenir faisaient partie du quotidien, et ces objets reflétaient une culture qui valorisait des moyens visibles et durables pour honorer l’amour et la perte.
Aujourd’hui, les musées conservent de magnifiques exemples de broderie avec cheveux. De près, ce ne sont pas des curiosités macabres, mais des œuvres délicates et complexes, simplement réalisées avec un matériau inattendu.
Des cheveux au fil
Heureusement pour nous, brodeuses et brodeurs modernes, la broderie est revenue dans le monde des fils colorés, des soies et des fibres variées. Pourtant, l’essence même de la broderie n’a pas changé : c’est toujours une manière d’inscrire du sens, de la mémoire et de la beauté dans le tissu.
La prochaine fois que vous prendrez votre aiguille et votre fil, pensez aux Victoriens, trouvant réconfort, créativité et lien dans une simple mèche de cheveux.
Oseriez-vous broder avec des cheveux ? Ou préférez-vous rester fidèle au fil coloré ?
Bonne Broderie !

